Ouais, il faut toujours écouter Yeezus… Surtout quand il se prend pour Dieu. Celui d’un univers glacé, glaçant, zébré de sirènes stridentes, de cris flippants, de saccades violentes. Et de la voix de Kanye West, le Yeezus en question, qu’on croirait à la baguette d’un orchestre de zombies ou d’American Psycho(tiques). Le romantisme et les fantaisies pop de “My Beautiful Dark Twisted Fantasy” (son dernier album en date en 2010) et surtout “808s and Heartbreak” (2008) ne sont que lointains souvenirs. Paradis perdu ? En tout cas, “Yeezus” sonne comme un enfer, pavé de titres marquants. Six sur 10.
A commencer par “I’m A God” (à écouter ci-dessus), incantation technoïde porté par le flow martial de Kanye et celui, furtif et plus soul de Justin Vernon. Cousin de « I’m A God”, “On Sight” ouvre l’album en fanfare avec ses beats techno saccadés qui laissent entrer par effraction une chorale d’enfants. Puis c’est l’avènement du “Black Skinhead”, sans doute l’un des morceaux les plus puissants jamais imaginés par ce mégalo de Kanye. On n’aimerait pas le croiser dans les rues d’Atlanta, un soir de pleine Lune… Après la pause “Hold My Liquor” ses voix filtrées et son flow au ralenti, ça repart de plus belle avec “Send It Up”, sa boucle techno entêtante, digne d’un stalag en alerte et son final reggae ! Pour finir notre top 6, “Bound2”, ballade perverse avec chœurs sixties féminins (enfin!) et la voix de Charlie Wilson, crooner R&B. In the end, love is the answer… N’est-ce pas Dieu ?