Illum Sphere, coloriste technoïde

Un jour / Un son : “Sleeprunner (Re-run)”. Si vous n’écoutez qu’un morceau techno cette semaine, ce sera donc ce mille-feuilles de Ryan Hunn, alias Illum Sphere, DJ anglais, connu et respecté pour avoir fondé fondé le club Hoya:Hoya à Manchester, en 2008. Sur ce remix de son propre “Sleeprunner”, il s’amuse à ajouter les couches sonores comme un coloriste au rythme hypnotique. De la belle ouvrage pour clubbers au goût sûr.

Premier album “Ghosts of Then and Now” disponible

Cocktails Slippers, bonne Sanglante-Valentin

Un jour / Un son : “St-Valentin’s Day Massacre”. 14 février 1929, une histoire d’amour va encore finir mal. Juste avant de filer à Miami Beach, se la couler douce dans sa ville de Palm Island (à découvrir ici), Al Capone a laissé des instructions à ses sbires. Jack “la Sulfateuse” McGurn, George Ziegler, alias « Joe la pétoire » et quelques autres fines gâchettes doivent porter un coup fatal au clan Moran, le gang irlandais du South Side de Chicago, qui commence à faire de l’ombre au Borsalino de Capone, installé au North Side. Le piège tendu par les porte-flingues du grand Al fonctionne si bien que sept sicaires des Moran restent sur le carreau. A l’arrivée de la police, l’un d’eux, lardé de quatorze coups de couteaux lâchera avant de succomber : « Personne ne m’a tiré dessus ». Ce célèbre règlement de compte a inspiré “St. Valentine’s Day Massacre”, un petit tube acidulé des Cocktails Slippers (2009), girls band de Norvège à découvrir en vidéo. El Chileno

Bonus : Steven Van Zandt, alias Little Steven, tout à la fois guitariste du E Street Band de Bruce Springsteen, animateur de la radio en ligne Underground Garage, Silvio Dante chez les “Sopranos” et Giovanni « Johnny » Henriksen dans “Lilyhammer”, a signé les Cocktail Slippers sur son label Wicked Cool Records.

Tweens, punks à mèche courte

Un jour / Un son : “Be Mean”. Le titre punky de la semaine, profitez-en, ses auteurs, les trois Américains de Tweens, Bridget Battle (guitare et voix fraîches et déchaînées), Peyton Copes (basse) et Jerri Queen (batterie), vont sûrement disparaître aussi vite qu’ils ont écrit et composé leurs tubes jetables (écoutez “Rattle & Rollin’” ici). En attendant, on s’éclate et on stage dive !

Premier album “Tweens” le 8 avril.

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Naked (On Drugs), une bonne dose de rock pas formaté

Un jour / Un son : “Lee Ann’s Skin”. Comme aux plus belles heures de la Ligue des Champions (rappelez-vous ce huitième de finale perdu de justesse par l’OL à Old Trafford en mars 2008…), Naked (On Drugs) célèbre à sa façon la rencontre entre Lyon – la ville natale du chanteur Sébastien Perrin – et Manchester – la ville où il a rencontré le guitariste Luke Byron Scott. Leur duo a sorti ce second single il y a quelques semaines (après “Death Dance” en 2012). Un truc pas formaté, sous influences multiples, de Morphine (le groove déglingué, les cordes noisy voire menaçantes) à Echo & the Bunnymen (la voix inquiétante). Un grand écart osé mais tenu.

Bonus : la vidéo de “Lee Ann’s Skin” ici

Angel Olsen, cow-girl électrique

Un jour / Un son : “Hi-Five”. Foin de folk des fleurs et des champs avec cette chanteuse émouvante et électrique née dans le Mississipi et installée à Chicago. Presque seule avec sa guitare (“stuck inside”), Angel claque “Hi-Five” comme si sa vie en dépendait : ses trémolos d’ouverture à la Roy Orbison sont soudain balayés par une rage irrépressible. Entrez dans son western moderne, vous n’en reviendrez pas.

Bonus : Ecoutez aussi “Forgiven/Forgotten”

Deuxième album “Burn Your Fire For no Witness”, le 18 février

En concert le 26 mars au festival Les Femmes s’en mêlent, Divan du monde, Paris 18, le 27 mars à Amiens (80).

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Black Lips, woody woodrockers

Un jour / Un son : “Boys in the Wood”. “When the boys start to drinking / You know it ain’t no good / Ain’t gonna live for tomorrow / You know you never should”. Tout est écrit non ?! Les Black Lips, alias les “Troggs d’Atlanta”, sont de retour dans les bois et dans la boue (voir le clip très Frankie Goes to the Hell Wood…), avec un premier single qui porte la patte Black Keys. Et Cole Alexander chante toujours aussi sale.

Nouvel album (coproduit par Patrick Carney des Black Keys) “Underneath the Rainbow” le 18 mars

Photo Victor Lundmark

Hercules, groove d’outre-tombe

Un jour / Un son : “7 ways to Jack (Ashley Beedle edit)”. C’est dimanche, ce soir vous n’oserez pas sortir, alors dansez à dom… sur ce classique house de Marshall Jefferson, alias Hercules, sortir en 1986 et édité ici par le DJ anglais Ashley Beedle. Un groove sinistre mais hypnotique porté par une voix d’outre-tombe et une ligne de basse en boucle infinie.

Bonus : Retrouver l’original sur la compilation “Dance Mania – Hardcore Traxx, 1986 -1997” (Strut Records)

Les Claypool’s Duo de Twang fond le metal dans le bayou

Un jour / Un son : “Man in the Box”. Le Californien Leslie Edward Claypool s’est fait connaître sous le nom de Les Claypool depuis qu’il écume les studios, les groupes (Blind Illusion, Primus, Colonel Les Claypool’s Fearless Flying Frog Brigade…) et les salles de concert comme bassiste inclassable, slapant ses cordes à trois doigts. Metal progressif, rock psyché, funk, Les s’autorise tout, souvent jusqu’à l’excentricité. En 2013, il a lancé un nouveau projet baptisé Duo de Twang, avec le guitariste aux doigts supersoniques Bryan Kehoe. Tous deux reprennent les Bee Gees (“Stayin Alive”), Jerry Reed, Johnny Horton. Et Alice in Chains dont ils transforment le “Man in the Box” (vidéo originale ici) en bourrée du bayou, aux accents manouches… Du métal de fondus !

Bonus : Ecoutez aussi “Jerry Was A Race Car Driver”

Premier album “Four Foot Shark” disponible

Le conte folk et sexy de Milky Chance

Un jour / Un son : “Fairytale”. Le tout jeune duo allemand Milky Chance - Clemens Rehbein (voix+instruments) + Philipp Dausch (DJ) – n’a pas encore réussi à s’imposer hors des frontières d’Allemagne, Autriche et Suisse . Ça ne saurait tarder tant sa folk mêlée de reggae et de boucles électroniques soyeuses est dans l’air du temps (on pense par exemple à Asaf Avidan ou Jabberwocky). Après “Stolen Dance”, dans la même veine, “Fairytale” est le nouveau single extrait du premier album du groupe, “Sadnecessary”, sorti en mai 2013. A écouter au chaud, lové dans des bras amis.

Bonus un remix de “Fairytale” par Florian Paetzold à télécharger ici

Premier album “Sadnecessary” disponible.

Photo David Ulrich

Tinariwen change de désert sans perdre son blues

Un jour / Un son : “Imidiwan Ahi Sigdim”. Même enregistré loin de sa terre, même dans cette langue à jamais mystérieuse, l’assouf de Tinariwen, blues touareg, garde un incroyable pouvoir d’évocation. On jurerait ainsi que “Imidiwan Ahi Sigdim”, mélopée extraite du sixième album du groupe à géométrie et géographie variables, nous raconte la solitude, la souffrance, l’exil… Pour la première fois depuis 2001 et la sortie de leur premier album, “The Radio Tisdas Sessions”, Tinariwen a enregistré hors du Nord Mali, plongé dans le chaos. Les Maliens ont rejoint un autre désert, celui de Joshua Tree en Californie. Sans égarer leur âme et leur blues. “Le désert, c’est là qu’on se sent le mieux pour vivre et créer” conclut le bassiste Eyadou Ag Leche.

Nouvel album “Emmaar” le 10 février

Photo Marie Planeille

Les Amazing Snakeheads sont mortels

Un jour / Un son : “The Truth Serum”. Une décharge électrique ou un shoot de venin mortel, on ne voit pas comment vous décrire autrement ce truc inoculé par trois gars de Glasgow, mené par un certain Dale, lèvre supérieure en apostrophe. Les Amazing Snakeheads ont dû écouter beaucoup de rock barré (Cramps), de blues déjanté (Screamin Jay Hawkins)  et de musique militaire dans leur nid de oufs ! Et ça nous vaut donc ce “Truth Serum” qui commence martial et vire martien. La rage aux crocs le martien…

En concert le 31 mai au festival Nuits sonores, à Lyon (69)

Bonus le clip très référencé de leur dernier single en date, “Flatlining”, ici

Avec Tacocat, c’est déjà l’été !

Un jour / Un son : “Bridge to Hawaii”. Tacocat kezako ? De la girl pop (mélodie et voix) garage (guitare) ! C’est à dire ? Les Bananarama (v. photo !) qui s’encanaillent avec Weezer. Pour nous raconter une histoire de pont à construire jusqu’à Hawaii où les plages sont forcément plus belles qu’à Seattle d’où sont originaires les Tacocat. Un fantasme d’été en plein cœur de l’hiver, que demander de plus à ces trois filles et un barbu ?

Nouvel album “NVM” le 25 février

Skaters, les Strokes à roulettes

Un jour / Un son : “Miss Teen Massachusetts”. On vous avait déjà causé de ce trio new-yorkais en avril dernier, à l’époque de la sortie de leur single “I Wanna Dance (But I Don’t Know How)”. Punks de luxe avait-on titré. De luxe parce qu’ils ont une bonne tête, des chemises ouvertes mais bien propres et surtout, parce qu’avec eux chant et guitare s’énervent poliment. Si les trois Skaters skataient ils rouleraient sur des planches griffées APC, voyez… Et alors ? Et alors ils nous plaisent comme ça parce que leurs mélodies sont souvent irrésistibles. Ecoutez donc “Miss Teen Massachusetts”, et vous comprendrez.

Premier album “Manhattan” le 25 février

Jess Williamson ou la folk qui fait tripper

Un jour / Un son : “Blood Song”. La chanteuse et photographe d’Austin, Texas, compose des ballades folk qui ne se contentent pas d’être des chansons balisées entre refrain et couplets, mais tiennent du trip de routard, lent, étiré, mystérieux, comme filmé par David Lynch. Une Histoire vraie sans tracteur mais avec une guitare que Jess caresse, pince et fait pleurer.

Premier album “Native State” disponible

Bob Log III, le blues man qui passe le mur du son

Un jour / Un son : “Shake the Boot”. Le One Man Band est un blues man deux-en-un, jouant tout seul de sa guitare slide et de sa batterie homemade… Mi-Tom Waits (sa voix de rocaille filtrée par le combiné vintage qui lui sert de micro casque), mi-pilote de chasse (le casque qu’il ne quitte jamais et son costume/combi), cette créature qu’on croirait surgie du Bayou (en fait Bob est né à Chicago et a grandi à Tucson) revisite le blues en show-man sexy depuis quinze ans. Un héritier, assurément, de Screamin Jay Hawkins.

En concert (il faut avoir vu une fois Bob en live !) le 19 mai à Toulouse (31) et le 29 mai au festival Nuits sonores à Lyon (69).

La minute punk de mademoiselle Charli XCX

Un jour / Un son : “Allergic to Love”. L’Anglaise Charlotte Aitchison, 21 ans, qu’on a connue plus Katy Perry que The Slits (vidéo de “You (Ha Ha Ha)” ici) a lâché cette bombinette via Twitter il y a quelques jours. Pas un gramme de gras, une guitare qui dévale et sa voix qui miaule des atchoum à vous rendre malade. Du punk, quoi !

Premier album “True Romance” disponible

Lucki Eck$, ganja-rap sur les bancs de l’école

Un jour / Un son : “Love It”. Ce lycéen de Chicago au flow enfumé n’a que 17 ans et déjà une mixtape au compteur, “Alternative Trap” sortie l’été dernier avec une pochette du plus bel effet, le portrait de Lucky Luciano en noir et blanc devant une nature morte chatoyante. Ces treize chansons font un parfait petit précis sur les drogues, telles que Lucki les fume et telles qu’il voit ses potes en vendre. Son débit ralenti, désinvolte, nonchalant rappelle celui de Chance The Rapper, à l’opposé donc du stroboscopique Eminem ou de la trap music qui abâtardit tout l’univers hip-hop depuis une poignée d’années. S’in ne descend pas de son nuage de fumée, Lucki peut viser le ciel. Like him…

Première mixtape “Alternative Trap” à télécharger ici

Highasakite, romantisme sur glace

Un jour / Un son : “Since the Last Wednesday”. Un romantisme synthétique (les claviers d’Alphaville ne sont pas loin par instant !), des percussions lyriques façon Woodkid, des ohohoh en chœurs, une voix à la fois puissante et mélancolique (celle de Ingrid Helene Håvik) : les Norvégiens de Highasakite pourraient bien tenir un tube de saison, typique de la dream pop actuelle.

Premier album “Silent Treatment” le 3 mars

La Dispute revient, et ils sont (toujours) en colère

Un jour / Un son : “Stay Happy There”. Encore des énervés mais du Michigan ceux-là, en éruption depuis sept ans maintenant. Ils sont de retour avec cette histoire de couple qui part en vrille chantée comme si sa vie en dépendait par Jordan Dreyer, hurleur en chef de ce quintet dont le « post-hardcore” évoque les grands anciens Black Flag, Fugazi ou Chokebore. Comprenez chant, guitare, basse et batterie surpuissants. Un truc de garçon, si l’on veut. Et, nous semble-t-il, sans trace du jazz dont Dreyer assure s’inspirer !

Nouvel album “Rooms of the House” le 18 mars

En concert le 13 mai à la Flèche d’or, Paris 20.

Larry Gus, le Grec électro trippe en Afrique

Un jour / Un son : “The Night Patrols (A Man Asleep) [James Pants Remix]”. On vous avait déjà causé de Panagiotis Melidis alias Larry Gus, grec électro-inclassable du label new-yorkais DFA, en mai dernier. C’était déjà à l’occasion du remix d’un des titres de son précédent album. On revient à la charge avec la relecture de “The Night Patrols (A Man Asleep)” extrait de son dernier disque en date, par l’Américain James Pants. Résultat : un trip tribal et jazz porté par des percussions et une trompette envoûtantes, jusqu’au pépiement final.

Album “Years Not Living” disponible