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for mars, 2013
Le flow vénimeux de Zebra Katz
mar 14 2013Un jour / Un son : « Y I Do ». Le flow de Ojay Morgan alias Zebra Katz, mi Grace Jones mi Basquiat, se love comme un serpent et vous tétanise, pendant que le désert à l’horizon résonne de sons défigurés et de voix filtrées. Le rappeur de Brooklyn, 26 ans, fait partie de Mad Decent, l’écurie à la mode managée par le producteur et DJ Diplo. Mais à l’inverse du « Harlem Shake » de Baauer ou des morceaux « shake your booty » de Major Lazer, issus de la même maison, les contes de la nuit noire de Zebra Katz donne dans le minimalisme rap le plus extrême. A faire passer Tricky pour Queen. Katz s’était fait connaître dans l’underground chic il y a tout juste un an grâce à son titre « Ima Read », hautement recommandé aussi. A suivre (jusqu’au bout des ténèbres).
Photo : fashionindie.com
Playlist ezik #13 : Beau oui, comme Bowie
mar 14 2013Reprises recommandées. Inutile de vous chroniquer “The Next Day” : si vous êtes fan de Bowie, vous êtes extatique depuis sa sortie il y a trois jours et totalement sourd à quelconque critique ; si le caméléon de New York City vous laisse froid, ce n’est pas ce nouvel album, sans surprise, qui vous fera changer d’avis. Non, ce qu’il vous faut, quel que soit votre camp, c’est du Bowie revu et arrangé, par d’autres stars ou de splendides outsiders.
Pour commencer, direction Nirvana, qui offre l’éternité à “The Man Who Sold The World” (album éponyme, 1970).
Le Brésilien Seu Jorge, qui transporte “Space Oddity” à Copacabana pour la B.O. de “La Vie aquatique” (album éponyme, 1969) .
Beck le bricoleur qui s’entoure d’un orchestre et d’un chœur gospel pour transformer “Sound & Vision” (album « Low », 1977).
Coup de cœur aussi pour M. Ward qui ralentit “Let’s Dance” et le dépouille de son clinquant (album éponyme, 1983).
Duran Duran qui reprend « Boys Keep Swinging » (album , »Lodger », 1979) ou Brian Molko de Placebo qui se mesure à son maître sur « Five Years » (album « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders From Mars », 1972) assurent sans prendre de risque.
Enfin, Oasis ose « Heroes » (album éponyme, 1977), Keren Ann, « Life On Mars? » (album « Hunky Dory », 1971) et Lewis & Clarke, « Changes », en version piano bar de palace (album « Hunky Dory »). Et vous, quelle est votre reprise préférée de Bowie ?
Bonus copain-copine : une version live de “The Passenger” par Iggy Stardust et David.
Illustration : love-a-lad-insane.tumblr.com
Tais-toi, et danse
mar 13 2013Un jour / Un son : “Something Happened”. Incroyable ! On se baladait tranquillement dans notre discothèque de poche, quand soudain, bim !, on tombe sur cette bombe, oubliée là depuis deux ans (tirée de l’album “After Dark My Sweet”, pochette ci-dessus). Hochement de tête, sourire extatique, agitation incontrôlée des membres inférieurs, bras défiant la gravité : attention aux effets secondaires. Si vous voulez tout savoir, les auteurs s’appellent TJ Kong et Nuno Dos Santos, ils viennent de l’autre pays du fromage, et la voix ensorcelante est celle de Nicolette, chanteuse anglaise d’origine nigériane, que Massive Attack avait engagée pour deux titres de l’album Protection. TJ Kong qui se produit désormais avec les Atomic Bomb n’a jamais fait mieux.
Playlist ezik #12 : Retour sur la planète Lenoir
mar 10 2013L’Inrockuptible compile ses souvenirs. C’est guidé par lui que nous partions le soir venu, sur France Inter, à la découverte de la brit pop des années 1980, des shoegazers, de Chapterhouse ou House Of Love, de EMF ou KLF, de Ride ou des Stones Roses. Sans oublier les Inspiral Carpets et les Ned’s Atomic Dustbin (mais si, vous vous souvenez l’album avec les boules de billard ?). Lui c’était Bernard Lenoir, le Black pour ses auditeurs, dont nous étions. Et notre walkman d’avaler les K7 de ce que l’Angleterre a toujours fait le mieux : la pop. Dans cet intime Panthéon, quelques Américains débraillés avaient aussi le droit, le devoir en réalité, d’entrer sans frapper. Parmi eux bien sûr, les Pixies puis Nirvana. Et un rare Français, Dominique A, parce que lui avait le “Courage des oiseaux”. Le 18 mars prochain, Lenoir revient en trois volumes qu’il a lui-même compilés, mini-coffret souvenir de tous ses groupes chéris, intitulé sobrement L’Inrockuptible (Bernard a toujours entretenu une grande complicité avec les journalistes des Inrocks, dès la naissance du magazine, d’abord mensuel.) Notre playlist en a retenu treize, ça porte bonheur. Allez, merci Bernard, et bise à l’œil.
Une question avant de partir : Dis Lenoir, pourquoi n’as-tu pas retenu les Ned’s Atomic Dustbin sur ta compilation ?!
Illustration : Matthew DiVito, mrdiv.tumblr.com
Spring Breakers, coupez l’son !
mar 07 2013La bande (pas) originale du film “trop stylé”. On n’a pas encore vu “Spring Breakers”, qui a mis le feu aux twittos et aux buzzeurs trop impatients de s’envoyer le mélange bikini-vodka-dope-flingues. Mais grâce à la plateforme de streaming du recommandé site américain Pitchfork, Advance, on a écouté sa B.O. Pour ce film « générationnel”, Korine n’a pas trouvé mieux que le vilain dubsteper Skrillex pour composer sa bande-son. Peut-être sous l’influence de Cliff Martinez, qui drive aussi la musique du film – on lui doit les instrumentaux de “Drive”, “La défense Lincoln” ou “Traffic” – l’homme à tête de pou a laissé ses sirènes de stalag, ses voix de zombies et ses rythmiques de fonderie à la maison (sauf pour Scary Monsters & Nice Sprites) au profit d’une électro minimaliste. Cinématographique diront certains. Sans les images, on l’a trouvé anesthésiante. Les gros rap additionnels de Waka Flocka Flame ou Gucci Mane feat Rick Ross, ineptes, n’y changent rien. Et vous qui avez déjà vu le film, vous en pensez quoi de la musique ?
Du côté de chez Swann
mar 06 2013Un tube, sinon rien. Elle a 23 ans, a longtemps chanté dans les bars, a enregistré son premier album au Pays de Galles avec Bill Ryder-Jones dont on vous a déjà vanté la classe ici-même. Voilà ce qu’on sait. Qu’importe, ce qui compte avec Swann c’est la voix qu’elle emprunte, sur les traces de Patti Smith si l’on veut. Elle fait de “Show Me Your Love” un tube immédiat. Vous attendez quoi ?
Premier album, “Neverending”, le 15 avril.
En concert les 25 mars, 8 et 22 avril à l’Auguste Théâtre, Paris, le 20 avril à Limoges, le 15 mai à Mérignac, le 17 à Toulouse, le 18 à Cognac et le 24 à Saint-Jean de Ruelle.
Playlist ezik #11 : Fashion Week, prêt-à-porter, prêt-à-écouter
mar 06 2013Défilés prêt-à-porter automne-hiver 2013-2014, Paris. Voici la bande-son d’une semaine de mode à Paname, du 28 février au 6 mars.
Chez Yves Saint Laurent, le garage rock de Thee oh Sees (“ Tidal Wave”) est venu perturber le bel agencement du défilé. Choc des cultures très organisé.
Pour Chanel, spécial K, qui se vante de posséder des dizaines de lecteurs MP3, a adoubé un mix entre Daft Punk (“Around The World”) et Dvorak (“Symphonie n°9, opus 95”). Trop osé pour être honnête.
La maison Giambattista Valli a fait confiance à I Am Kloot, folkeux foutraques et anglais revenus en forme en janvier dernier (“Hold Back The Night”), avant de s’en remettre aux beats martiaux de The Draughtsman alias Alex Egan (”Geschmacklos, Cosmo Vitelli Remix”).
Stella McCartney nous a épargné Phoenix mais a plongé les deux pieds dans la hype house du moment, soit Disclosure feat AlunaGeorge (“White Noise”).
Vivienne Westwood a succombé au punk 2.0, soit le dubstep, ici celui des bataves de Noisia (“Stigma Neosignal remix”).
Chez Christian Dior, on a ressorti l’indémodable “O Superman (for Massenet)” créé en 1981 par Laurie Anderson, madame Lou Reed.
Le Français Roland Mouret a tenté le téléscopage entre Schubert (trio, opus 100, par Michel Rubini et Danny Jaeger) et Gainsbourg (“Aux armes et caetera”) pour son final. Un peu de tenue que diable.
Chloé s’est déhanchée sur le Wild Thing remixé du rappeur Tone-Loc pendant que Givenchy invitait Antony Hegarty à tutoyer les anges en live, accompagné par un orchestre.
Chez Carven, LA maison à la mode, on jouait “Amateur” pièce électro-pop déstructurée de The Eyes In The Heat.
Mais le plus malin c’était bien m’sieur Armani : pour son final, il a lancé l’envoûtante Ornette (Crazy Noze remix), qui plaît à toutes les filles (et à la plupart de leurs mecs). Business is business !
Bilan : un patchwork dominé par toutes les gammes de l’électro et un événement so chic chez Givenchy avec le live de Antony sans ses Johnsons. Ça c’est Paris !
Vanessa a (peut-être) trouvé son nouveau Gainsbourg
mar 04 2013Premier extrait de son album “Love Songs”. C’est bien Gainsbourg, même en fin de course (“Variations sur le même t’aime”) et même sans le savoir (la reprise de “L’eau à la bouche” sur son live de 2001), qui a le mieux servi Vanessa Paradis la chanteuse. Son nouveau single , “Love Song”, révélé ce lundi avec cette vidéo de promo minimaliste, fut la bonne surprise du jour au rayon chanson française. Un groove impeccable dès l’intro, la voix de Vanessa qui charmerait un serpent en français et en anglais dans le texte, lui-même malin, et une guitare funky qui ne la lâche pas d’une semelle. Benjamin Biolay a bien travaillé. C’est à lui que la Paradis doit ce titre comme la production de son double album, “Love Songs”, attendu mi-mai.
Deuxième bonne nouvelle : La chanteuse a travaillé avec le duo anglais Elephant sur un des morceaux.
Euskadi a dit : voici du bon rock indé français
mar 03 2013Un jour / Un son : “Running away”. Après La Femme, les mecs. Ceux de The Dedicated Nothing, nom improbable d’un nouveau groupe venu de la côte basque, Guéthary précisément. Du pays du surf – The Dedicated Nothing était le surnom donné à certains surfeurs par le célèbre Miki Dora exilé plusieurs années dans le sud-ouest au milieu des seventies -, Franck, Matt, Clément et Greg nous envoient des bonnes nouvelles du rock indé français, si souvent malmené. Ne cherchez pas chez eux de nouveaux Dick Dale ou Beach Boys. Et pas non plus de claviers revival. Basse rondement menée, guitare et batterie énervées, voix assurée et sans l’horrible accent frenchie. Le tout en 2’19 ». Pas de gras, c’est mieux pour la plage.
Premier EP disponible.
En concert le 21 mars à l’International, Paris 11.
Photo : Bastien Bonnarme
Chkrrr, le 7e arrrt du trrrip-hop
mar 03 2013Un jour / Un son : “I Will Leave At Dawn”. La bande-son d’un dimanche en cinémascope. Tout est là : la voix caressante de Claire Tran, les cordes romantiques et ces bruits fantomatiques. Remember Portishead ? Le mystérieux collectif français Chkrrr, à qui l’on doit plusieurs B.O. (“Cookie”, “Contre toi”, “Le Dernier Vol” avec le Trio Joubran…) ou encore “Hopper Outtakes”, la musique de l’appli D’une fenêtre à l’autre pour la rétro Edward Hopper au Grand Palais a sorti un premier disque studio en septembre dernier EP#1, qui contient aussi “De là-haut”.
Playlist ezik #10 : Snowclubbing
mar 03 2013Ça envoie du gros. Après la tartiflette aux truffes, après le spa en pin de Finlande, après la doudoune à leds, il paraît que le clubbing en Moon Boots est la nouvelle tendance dans toutes les stations qui comptent. De jour comme de nuit. Alors ezik a pensé à toi jeune rider du village global : le grec Nteibint remixé par le Parisien Gildas de chez Kitsuné (chic), l’Anglais Fake Blood, le Nantais Joachim Garraud, la Grenobloise Miss Kittin en pleine forme, les parisiens Birdy Nam Nam, les Suédois Tim Bergling alias Avicii et Otto “Knows” Jettman, et l’Américain Wesley “Major Lazer” Pentz qui dubstep sans ces moufles.
Bonus : The Hammer, coup de maître de !!! ou Chk Chk Chk, collectif californien qui martèle “Don’t stop”. CQFD.
Illustration : thatsluke.me à partir du film de Jacob Sutton à Tignes
Keaton Henson, ultra moderne solitude
mar 01 2013Un jour / Un son : “Lying To You”. “Keaton Henson passe son temps tout seul à écrire des chansons et parfois à dessiner. Il n’aime pas parler de lui.” Voilà ce qu’on peut lire en guise d’avertissement sur le site de ce Londonien de 24 ans au parfait look de hipster, qui compose ses merveilles dans sa chambre qu’on devine aussi funky qu’une cellule de Bénédictin. “I truly like to be alone” insiste-t-il dans “Lying To You”. D’une voix déchirante. Parce que oui, la musique de ce solitaire à tendance ermite parle bel et bien à tout le monde. Cœurs de pierre ou d’artichauts.
Nouvel album : “Birthdays”, le 9 avril, disponible ici.
En concert le 6 juin à la Crypte de l’église ND de la Croix, Ménilmontant, Paris 20.
Bonus : Entre deux chansons, Keaton dessine des personnages volants non identifiés ou illustre des assiettes à lancer en cas de dispute. On aime.
Cherchez plus le garçon…
mar 01 2013…il est parti. Comme il a vécu sans doute, en surdose de tout. La vie qu’il a si souvent défiée jusqu’au bout de la nuit l’aura finalement aimé plus fort qu’il ne l’imaginait. Pensez, 53 ans pour un punk, c’est pas une vie, c’est une éternité. Nous aussi on a aimé Daniel Darc, sa voix blanche de “Cherchez le garçon” (1980), de petite frappe dans “Paris” (1984) et en équilibre fragile pour chanter “La Taille de mon âme” (2011). Sa façon d’écrire en plein dans le mille, sans courbettes variet’ ni jeux de mots faciles. Au mitan des années 2000, il était revenu du diable-vauvert avec un disque intitulé “Crèvecœur”. Cette nuit, on ne saurait mieux dire.
Photo : Richard Dumas